· 

Plaidoyer pour une agriculture bio

Guillaume Thébault a 17 ans lorsqu'il décide de réaliser son premier film. A l'époque, il n'a aucune expérience dans le domaine cinématographique mais par contre, il a une passion : l'agriculture. A ce moment là, il est élève en Suisse dans un lycée qui pratique la pédagogie Steiner, une pédagogie axée sur les méthodes d'éducation nouvelle. Comme tous les élèves de son établissement, il doit réaliser cette année là un projet de fin de cycle. Il débute alors le tournage d'un film consacré aux solutions alternatives à l'agriculture intensive en choisissant de s'intéresser à la permaculture, l'agriculture biologique ou encore la biodynamie. Au fil de son voyage cinématographique il rencontre des agriculteurs bien sûr, mais aussi des gens qui ont décidé de s'engager pour promouvoir et défendre une culture des sols respectueuse de l'environnement.

 

Un projet ambitieux, d'autant qu'à l'époque, il a peu de connaissances dans le domaine visuel ! Qu'importe, il décide de partir sur les routes en vélo avec pour seul équipement, un appareil photo qu'il décide d'utiliser comme caméra. Quelques mois après le clap de fin du tournage, l'aventure de Guillaume a pris des allures de success story. Un an et demi après sa première projection dans son école, en mars 2016, son film « Futur d'Espoir » a été projeté plus d'une centaine de fois et a même reçu le prix Greenpeace 2017. Une belle histoire dans la veine du film « Demain » de Cyril Dion et Mélanie Laurent. Rencontre avec ce jeune cinéaste en herbe à l'avenir prometteur.

Futur d'Espoir, le film de Guiullaume Thébault
En 2017, Guillaume Thébault a reçu le prix Greenpeace pour son film

Comment se lance-t-on dans une aventure cinématographique telle que « Futur d'Espoir » ?

 

Ce film est né d'un constat sur notre mode de consommation et notre agriculture. Vivant dans une zone rurale, je suis confronté aux différentes méthodes d'agriculture. Mes parents ont toujours été très sensibilisés aux enjeux liés à la protection de l'environnement. J'ai aussi eu la chance de pouvoir expérimenter par moi-même le jardinage puisqu'avec un très bon ami, on cultive depuis l'âge de 12 ans un jardin en face de chez moi. C'est de là je crois qu'est née mon admiration pour la nature.

Mon idée de départ pour mon projet de fin de cycle est partie d'un questionnement : est-ce qu'aujourd'hui, on a les moyens d'avoir une agriculture durable ?

 

Le film était un rêve et il est devenu une réalité. Le déclic qui m'a amené à concrétiser mon projet a été un voyage en Inde en juin 2015 avec mon école. J'ai été marqué par le fait que ce peuple ait gardé une authenticité dans la manière de cultiver la terre même si ces traditions commencent à se perdre avec l'arrivée progressive de l'agriculture occidentale. Ce pays m'a appris à ne pas désespérer de notre monde mais, au contraire, à tout faire pour qu'il soit le plus beau possible.  


Futur d'Espoir, le film de Guiullaume Thébault

Est-ce que votre film vous a permis de répondre à votre questionnement concernant les moyens que nous avions ou non d'avoir une agriculture durable ?

 

Malgré les mauvaises nouvelles, il y a une deuxième piste avec des gens qui agissent. La seule possibilité c'est d'être confiant en l'avenir et d'avoir de l'espoir, donc oui, j'ai espoir. Aujourd'hui, il y a la possibilité d'avoir de l'espoir et les raisons de le garder. Les solutions que je présente dans le film ne sont qu'une esquisse, il y en a d'innombrables. Je crois vraiment à l'agriculture biologique, la permaculture et la biodynamie comme méthode de culture pour l'avenir

 

Quels étaient vos objectifs en faisant « Futur d'Espoir » ?

 

 

Je me suis aussi dit qu'à un moment donné, il était important de pouvoir s'intéresser d'un point de vue théorique à la biodynamie, l'agroécologie ou encore la permaculture pour pouvoir ensuite proposer des solutions alternatives au modèle agricole conventionnel et permettre aux agriculteurs de s'engager dans une voie de transition. J'avais aussi envie de mettre mes propos en action et de me mettre en mouvement pour que mes paroles puissent être appliquées. J'ai fait ce film pour montrer que même si notre monde marche sur la tête, on a les solutions pour le remettre sur pied. En tant que citoyen, on a un pouvoir qui est grand et important. Si les politiques ne sont pas prêts à changer et bien les citoyens devront montrer que, eux, ont envie de changement. C'est tous ensemble qu'on doit agir. Dans mon film, je ne voulais pas prendre une posture moralisatrice, mais j'avais plutôt l'envie de partager.  

Futur d'Espoir, le film de Guiullaume Thébault
Depuis l'âge de 12 ans, Guillaume et un ami cultive leur jardin potager bio

Pourquoi avoir choisi de partir en vélo ?

 

Je n'avais pas le budget pour faire un tour du monde et l'avantage du vélo était qu'il pouvait me permettre de me déplacer sans polluer. De toute façon, je ne me voyais pas prendre l'avion pour aller rencontrer les gens, j'avais envie de garder une cohérence entre les propos que je tenais et les raisons qui m'ont amené à faire ce projet. Et puis, j'avais vraiment envie d'aller voir des acteurs locaux en montrant des gens qui dans leurs actes avaient un impact positif sur l'environnement. J'ai l'impression qu'on entend toujours les mêmes personnes, et même s'ils disent des choses très pertinentes, j'ai souhaité dans mon film donner la parole à d'autres personnes qu'on n'a pas forcément l'habitude d'entendre souvent. Je suis convaincu que chacun peut faire changer les choses à son niveau. Le changement vient de chaque personnes individuellement, il n'y a pas forcément besoin d'être célèbre.

 

Qui sont les personnes que vous avez rencontré ?

 

Je suis parti à la rencontre de 15 acteurs locaux dans le Genevois. Ceux chez qui, par exemple, j'achetais mes légumes. Dans mon film, je donne aussi la parole à des acteurs de la transition écologique que j'ai rencontré notamment dans le cadre de festivals alternatifs ou à des scientifiques comme le professeur Seralimi qui a travaillé sur les OGM et leurs dangers sur notre santé.

 

Que permettent selon vous des techniques de culture comme la permaculture, l'agroécologie ou encore la biodynamie ?

 

La biodynamie est une méthode qui soigne la terre en lui donnant un avenir et en permettant de produire des aliments de qualité. C'est une agriculture qui met l'homme au centre et qui est respectueuse de l'environnement. La permaculture s'inspire de la nature pour recréer nos systèmes humains en étudiant la notion de cycle. De manière générale, l'agriculture est fondamentale puisque c'est elle qui nous nourrit, c'est pour cette raison qu'il est important d'entamer une transition dans ce domaine. J'ai discuté avec des agriculteurs pratiquant l'agriculture conventionnelle, je suis conscient des difficultés qu'ils ont et j'ai beaucoup de respect pour eux. Je ne voulais pas les montrer dans le film pour ne pas les montrer du doigt et les faire apparaître comme « les méchants ». Ce ne sont pas les seuls responsables de l'état de l'agriculture aujourd'hui.

 

En visionnant votre film, on ne peut pas s'empêcher de faire des parallèles avec le film « Demain » de Cyril Dion et Mélanie Laurent....

 

 

Lorsque j'ai eu l'idée de réaliser « Futur d'Espoir », le film « Demain » n'était pas encore sorti au cinéma. A sa sortie, j'étais ravie de voir l'impact qu'il pouvait avoir sur le public. Nos deux films ont une histoire très différente et séparée mais on se rejoint sur la thématique centrale. Je pense que c'est le témoignage d'une envie de changement. On a besoin de rallumer nos idéaux et ce qui nous fait vivre. On a besoin de faire briller nos rêves. Chaque projet qui est réalisé dans ce sens apporte chaque fois des messages et des questionnements, c'est très intéressant.

Futur d'Espoir, le film de Guiullaume Thébault
"Futur d'Espoir a été projeté plus d'une centaine de fois depuis sa sortie en mars 2016

Que retiendrez-vous de l'expérience « Futur d'Espoir » ?

 

Ce que je vais essentiellement retenir c'est que le futur est beau. Il ne faut pas l'oublier et ne pas se focaliser sur ce qui ne va pas. Montrer ce qui va mal ne fait pas avancer les choses. En restant dans le catastrophisme, on se contente juste de critiquer les personnes. Un de mes rêves c'est que mon film puissent inspirer d'autres personnes à réaliser leurs rêves en se disant : « il a réussi à faire un film, moi aussi, je peux aller au bout de mon projet ! ». J'ai envie que les gens deviennent acteur de leur avenir.

 

Comment peut-on visionner votre film ?

 

On peut organiser des projections, il suffit de me contacter. J'aimerai beaucoup le diffuser au cinéma et ensuite en DVD et aussi en projection gratuite. Je n'ai pas envie que l'argent vienne forcément s'immiscer dans le message que je souhaite faire passer.

 

Aujourd'hui, quels sont vos projets ?

 

En réalisant « Futur d'Espoir », je me suis découvert une vraie passion pour l'audiovisuel. J'aimerai beaucoup faire un autre film mais pour l'instant mon objectif est d'intégrer une école d'agronomie. Pour ça, je dois d'abord faire une année de stage dans des fermes, c'est ce que je vais faire cette année.

 

 

www.futurdespoir-lefilm.com

Écrire commentaire

Commentaires: 0