GED,un mouvement global d'échanges durables de proximité

"Nous sommes co-responsables de notre avenir"

"Vous, les adultes, vous devriez avoir honte! Vous êtes racistes, individualistes, installés dans votre confort..."

A 14 ans, Céline ne mâche pas ses mots pour dénoncer une situation qu'elle ne supporte plus. Un conflit de génération somme toute assez banal mais qui cette fois, va faire réagir une mère. D'abord laminée par la critique de sa fille, ce reproche va finalement servir à Caroline Boury de point de départ pour débuter une nouvelle vie. La prise de conscience puis la remise en question de son mode de vie associées à de graves problèmes de santé et une situation conjugale compliquée vont amener Caroline à réfléchir sur le sens de sa vie. 10 ans de reconstruction axés sur des approches thérapeutiques différentes auront été nécessaires à cette femme au caractère bien trempé pour trouver sa voie professionnelle, elle sera coach. 

Cette expérience professionnelle l'emmène quelques années plus tard à aller plus loin dans son engagement humain. C'est le début d'une autre aventure, associative celle là, avec toujours la même préoccupation : placer l'Homme au coeur du dispositif sociétal. Cette idée, elle l'avait déjà initiée lorsqu'elle était cadre au service communication de la société Général Electric. A l'époque, internet n'en est qu'à ses premiers balbutiements. La mise en évidence de dysfonctionnements dans l'accueil et l'orientation des clients l'amène à mettre en place un réseau intranet au sein de l'entreprise. Mettre en relation l'offre et la demande de services et de moyens humains est à l'époque, déjà au coeur du dispositif imaginé par Caroline.

C'est cette même idée qu'elle décide de reprendre lorsqu'elle créée GED en 2014. "GED est un réseau global d'entraide et d'échanges équitables qui rassemble les acteurs locaux pour aider et se faire aider près de chez soi" explique Caroline.

Se rendre utile, partager un savoir-faire, recevoir une aide ponctuelle, l'idée n'est pas nouvelle et existe déjà mais à la différence des réseaux déjà créés, Caroline veut donner une impulsion supplémentaire au dispositif en y incluant dedans différents acteurs.

Particuliers, associations, professionnels, communes sont au GED

"Dans une commune, qui fait fonctionner l'économie locale et le tissu social? Ce sont quatre acteurs : les particuliers, les associations, les professionnels et les élus. Le but de GED est de redynamiser l'économie locale en  créant des liens et en permettant l'investissement de tous les acteurs. L'idée est de reconstruire un éco-système équitable avec ce qui existe déjà".

Pour Caroline, le premier principe de GED est de donner pour recevoir. "Aujourd'hui, on est dans l'extrême, on prend, on prend en oubliant qu'on a des devoirs en tant que citoyen. L'objectif de GED est de donner et recevoir de façon équitable dans un système où tout le monde va trouver sa place." Et parfois même du travail. C'est le cas de son jardinier, qui grâce à GED a ouvert son entreprise en auto-entrepreneur.

Une autre personne a même été embauchée en CDI grâce au réseautage proposé par GED. Aujourd'hui, ce sont près de 300 personnes sur toute la France, dont 120 sur les environs de Bézu-Saint-Eloi qui ont choisi de partager les valeurs de ce mouvement d'échanges. Des résultats encourageants après seulement quelques mois d'existence du site internet destiné à mettre les personnes en relation.

Pour autant, rien n'est gagné et il y a encore certains freins à lever.

"Souvent, les gens me disent : mais moi je ne sais pas quoi donner, je n'ai pas de compétences particulières, pas de savoirs-faire... je leur réponds, tout le monde peut donner un peu de temps. Je crois qu'on a besoin d'être pédagogique et de montrer l'exemple qu'on peut s'entraider. On a vraiment tous un intérêt à partager" assure Caroline qui croit à fond en son projet fondé avec son conjoint Xavier Prouvost, lui-même très investi dans cette aventure solidaire au point d'avoir quitté son travail pour se consacrer à l'association.

Un jardin partagé dans l'Eure

Parmi les projets initiés, celui du jardin partagé de la comune de Bézu-Saint-Eloi , fait figure de fer de lance de ce qui pourrait être à l'avenir initié par GED.

Tout a commencé lors d'une réunion collaborative et participative organisée en février 2015.